Activités en 2023
Le trou Souffleur et la rivière d’Albion (30/06/2023)
- Détails
- Création : 5 juillet 2023
- Écrit par Laurent
- Affichages : 459
(compte-rendu de notre dernière sortie dans le Vaucluse, les autres CR devraient suivre)
Participants : Alain, Laurent, Angélique, Vincent. Restés au gîte : Myriam, Sacha.
Vendredi, petit-déjeuner à 7h30. Vu que la sortie va être longue, je prépare des œufs sur le plat pour Alain et moi. La veille, nous avons préparé les 2 seuls kits que nous allons emporter avec nous car le trou est entièrement équipé par le collectif qui fait les explo dans le Souffleur. Un kit bouffe avec tout le nécessaire pour faire un repas chaud une fois en bas et un kit boisson avec 7,5L d’eau à répartir le long de l’itinéraire : au bas du P36, au-dessus du P28 où nous prévoyons de boire également une petite soupe à la remontée, à la fin du méandre de l’Ankou à - 200, et à - 362. En bas, nous rechargerons nos gourdes dans la rivière et nous prélèverons le nécessaire pour préparer les repas lyophilisés.
A 8h15 nous démarrons et 26 minutes plus tard, nous sommes devant l’entrée du Souffleur. Il pleut légèrement. La nuit précédente, il y a eu beaucoup d’éclairs mais il n’a pas plu en quantité. Une voisine nous rappelle de fermer la trappe une fois rentrée pour éviter que des personnes s’y aventurent. Alain a déjà placé les amarrages à l’extérieur. Peu après 9h, il pleut de plus en plus fort, comme je suis déjà prêt, je pars premier pour équiper la suite de notre C22, c’est la seule corde que nous allons devoir mettre. Alain me suivra ensuite suivi d’Angélique et Vincent fermera la marche ainsi que la trappe d’entrée. Vers -20, je fractionne à l’aide d’une plaquette une corde en place pour éviter un frottement. Alain me signale que le mousqueton de sa longe courte est cassé. Ca démarre bien … Vincent lui prête un mousqueton sans virole mais le plus compliqué est de retirer le mousqueton de sa longe car celui-ci est serré au moyen d’un capucin (½ pêcheur double). Il y parvient quand même. Nous descendons les 2 ressauts suivants. Alain me dit que le mousqueton qu’il vient de changer ne ferme plus tout seul, il le remplace par un Spirit à virolle. Je lui signale que si il y a encore un souci avec sa longe, on remonte car c’est un mauvais présage et nous ne sommes même pas à -40 alors qu’on vise le -600. Finalement on constatera une fois ressorti du trou que le mousqueton de Vincent fonctionne encore mais la fiabilité de ce mousqueton Simond est tout de même pas au top.
Nous avons fini avec toutes les petites chieries jusqu’à -40 et arrivons enfin à la vire qui précède le P36. Il y a 6 barreaux repartis de part et d’autre pour faciliter le passage de la vire mais il faut faire le grand écart pour atteindre la 2e barre à droite et celle-ci est légèrement incliné vers le bas, heureusement il y a également des prises de pied dans la paroi sur la gauche.
J’enchaine le P36 fractionné en 3 tronçons avec un premier fractio fort pendulaire, puis les 3 puits de l’Anaconda (P42, P35, P7). Au sommet du P28, je laisse le bidon étanche avec le nécessaire pour préparer une soupe à la remontée. On atteint le bas du P28 en un peu + d’1h, le rythme est bon. Alain prend la tête pour attaquer le méandre. Très vite, nous arrivons à une première petite descente en oppo dans laquelle il y a un barreau en travers. Du fait de sa corpulence, Alain ne voit pas trop comment le descendre sans se coincer au niveau de la cage thoracique. Je descends le premier pour un peu mieux voir d’en bas. Vu du dessus, il faut descendre les 2 premiers mètres à gauche du barreau, puis se décaler vers la droite en passant au-dessus du barreau et désescalader les 2 derniers mètres. Ça semble simple mais nous n’avons pas vraiment les mêmes gabarits. A côté de nous 3, Alain fait office de géant et il faut que tout le corps passe sans se coincer et qu’il arrive à plier les genoux pour faire l’escalade en sens inverse. Après plus de 40 minutes, on parvient à trouver la meilleure technique pour qu’il passe ce passage et il essaie également de le remonter car dans l’autre sens, la gravité n’aide pas.Comparé à nous, il doit passer un endroit légèrement en oblique. Nous pouvons attaquer enfin la suite du méandre dans l’ordre suivant : Alain, Vincent avec 1 kit, Laurent avec 1 kit, Angélique. Les kits sont attachés courts à nos baudriers. L’itinéraire est balisé au moyen de rubalise et d’entaille dans la roche. J’imaginais ce méandre + rectiligne mais il y a une succession de virages et en fonction des prises disponibles, il faut tantôt passer le côté droit premier, tantôt le côté gauche. Je laisse Angélique me dépasser pour ne pas qu’elle reste dernière. Après environ ⅓ (le + étroit), j’ai un peu de mal à suivre le rythme imposé et je surchauffe (hyperthermie) avec ma nouvelle combi un peu trop enduite et moins respirante, Alain prend mon kit. A quelques endroits la roche est un peu + patinée et est + glissante mais ça reste limitée.
Nous arrivons enfin à une main courante qui précède le puits. Nous laissons 4 bouteilles de 50cl qui nous serviront à la remontée. La vire est descendante et la corde sans doute pas assez tendue, je contre-assure Angélique au moyen de ma grande longe sur le premier mètre. L’ordre de descente des derniers 400m sera le même que dans le méandre : Alain, Vincent, Angélique et je ferme la marche. On enchaine le P64 et P76. Après 5h30, on arrive à -362 mais c’est le méandre qui nous a fait perdre du temps, la descente sur cordes se passe bien. J’en profite pour faire pipi et nous y laissons le kit avec les dernières bouteilles. Les 60 prochains mètres à descendre sont une succession de pendules dans lesquelles il ne faut pas hésiter à utiliser sa poignée pour rejoindre l’amarrage suivant. Enfin le dernier P114 qui semble interminable. Celui-ci a des fractio équipés fort court, très compliqué de faire une clé et arrivé au bas de certains tronçons, j’ai même dû me redresser sur ma pédale pour défaire le descendeur. On voit bien que c’est quelqu’un d’autre qui a équipé car avant l’Ankou, les boucles étaient très grandes et pas de soucis dans les fractio pendulaires. Finalement on arrive au bas des puits après un peu + de 7h (on avait visé 6h de descente max, le temps perdu est celui perdu dans l’Ankou). Alain et moi rejoignons vite la rivière pour traiter l’eau au moyen de ma nouvelle gourde filtrante Decathlon qui filtre à 99,99% les protozoaires et bactéries et on ajoute également un micropure Forte pour être encore plus sûr. On en profite pour faire pipi un peu + loin dans la rivière. Nous allons ensuite jusqu’à la voûte basse que nous ne passerons pas car on a tout de même perdu un peu de temps (il ne faudrait pas qu’on s’inquiète à l’extérieur) et on aura pas mal à remonter ensuite et pas envie de me dessaper. Puis nous rejoignons le point de bivouac à l’amont où nous mangerons un repas chaud : pâtes bolo pour Vincent, hachis parmentier pour Angélique et Alain, semoule aux légumes pour Laurent. Cela fait 9h que nous sommes sous terre. A l’endroit de bivouac, ils ont installé une balançoire mais nous ne l’avons pas essayé. J’en profite pour tester mon poncho speleo (MTDE), c’est efficace.
Il est temps de songer à remonter à la surface. Je filtre 30cl d’eau afin d'être sûr d’avoir assez d’eau pour remonter et soulage ma vessie. Alain démarre premier, suivi d’Angélique, puis Laurent et finalement Vincent. Nous avançons petit à petit, fractio après fractio. Alain ne va pas trop vite car c’est inutile sauf avoir froid en attendant les suivants. On se cale sur le rythme d’Angélique. Elle monte bien. Vu que c’est énormément fractionné, la remontée n’est pas épuisante. Pas trop de soucis à signaler sur les 114 premiers mètres sauf le moment où Angélique nous annonce que son croll est coincé car trop près de sa poignée, sur un fractio équipé trop court. Heureusement, elle arrive à se dépatouiller sans aide externe. De retour sur la corde rouge et ses nombreux pendules. Puis le bas du P76 où je refais un pipi et récupère le kit moins lourd qu’à la descente. J’en profite également pour changer mon accu. J’ai tenu presque 13h malgré que je n’avais pu le charger qu’à 60-80% car mon chargeur avait quelques soucis techniques. Mon accu de réserve, je n’ai pu le charger même pas à la moitié. Vu les soucis techniques avec mon chargeur, Sacha m’avait prêté sa lampe mais je suis habitué à mon éclairage donc j’ai préféré utiliser le mien le plus possible. On remonte les 2 derniers puits avant le retour dans le méandre de l’Ankou. Au début du méandre, pas beaucoup de place pour se positionner à 4, il faut redémarrer la progression. Alain force un peu trop dans un passage étroit et se fait mal sur le coté droit. Il a mal en respirant, une pause s’impose. Je reprends la tête du groupe mais nous avançons lentement. Malgré sa douleur, Alain parvient à parcourir le méandre, de toute façon il n’y a pas trop de choix donc même si il a mal, il sait qu’il vaut mieux avancer, on verra bien une fois aux puits comment ça ira. Nous revoilà à l’endroit où il y a un barreau en travers et où nous avons perdu du temps à la descente, ouf, le méandre est fini. Alain parvient à le remonter avec une aide pour des prises de pieds données par Vincent. Je remonte le P28, Vincent me suit et on chauffe l’eau pour préparer soupes et café. Alain ferme la marche à la remontée. A cause de sa douleur, il ne sait pas serrer complètement son torse mais ça va, il parvient à remonter à son rythme. Une fois une boisson chaude avalée, on continue à remonter. Vu tout ce qu’on a déjà fait, il ne reste plus grand chose. L’ordre est le suivant : Laurent, Angélique, Vincent, Alain. Le repas en bas m’a fait du bien et quand nous avons entamé la remontée, j’ai mis en route le logiciel “on sort d’ici” et j’ai eu un regain d’énergie, chaque étape franchie me donne de plus en plus d’énergie, je me surprends même à remonter en alternatif sur 4-5 mètres sur les différents tronçons de corde. Le reste du groupe suit également. Bien sûr, après plus de 15h sous terre, la fatigue s’installe, le plus important est de rester lucide. Arrivé à une vire sur laquelle il faut se pendre, je la tends au maximum pour un peu aider Angélique, ce n’est pas une vire plein vide car on sait marcher sur la paroi. Entre le P42 et le P36, je vais à nouveau pisser. Une fois tous les 4 réunis, on remonte le dernier grand puits, Vincent passe second. Arrivé en haut, c’est le soulagement même s' il y a encore quelques passages étroits à passer. J’avance un peu les 2 kits dans les escalades et ramping jusqu’à arrivé à une corde où je laisse le 2e kit à Vincent et poursuit la remontée. Après la remontée sur corde dans les passages étroits où l’usage de la pantin est nécessaire, j’arrive à notre corde et le forage de 2016. Arrivée à la trappe, je chipotte 4-5 minutes pour me positionner correctement et la soulever, c’est un peu lourd et il faut pousser au bon endroit. Me voilà dehors à 5h, après 20h passé sous terre. Angélique me suit avec la clé de la voiture, nous pouvons ainsi nous rhabiller et prévenir Myriam que nous sommes sortis. Alain arrive et finalement Vincent qui déséquipe la corde. De retour au gîte, nous nous mettons au lit après avoir bu un café et pris une bonne douche.
Record battu de profondeur jusqu’à -610 pour 3 d’entre nous. Au niveau du timing, j’avais déjà passé 22h sous terre (19-20h pour les premiers à sortir) lorsque nous avons été au fond du Jean-Nouveau il y a 12 ans mais où il fallait déséquiper et remonter les kits de cordes.
Bravo à tout le monde pour les efforts fournis.