Doubs (Ascension 2013)
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Activités en 2013

Doubs (Ascension 2013)

Après quelques emplettes, cap sur la France, le Sud, que dis-je, Reims, la cité des Rois couronnés, le berceau de Jeanne d'Arc. La Fée Clochette, entendez Delphine, embarquée, destination Villersexel, découverte d'une contrée aux verts pâturages (je n'ai pas dit fromages), la Franche-Comté s'ouvre à nous. A 20h sonnantes le camping de Villersexel nous accueille dans les deux uniques chalets aménagés. Quelle joie éphémère que de pouvoir prendre le temps de l'installation, une bonne nuit de repos avant d'attaquer les hostilités!

Jeudi

Première de celles-ci prévue à 14h. Nous espérions faire la grasse mais, dès 11h, Daniel nous annonce son arrivée précipitée et l'avancement d'une heure du rendez-vous avec Roland Brun en vue de la visite du Crotot. Une petite erreur de localisation ainsi qu'un casque oublié nous verront finalement franchir la porte de la grotte à l'heure initialement prévue. Entretemps, nous avons fait nos retrouvailles avec Claude et Josette qui ont connu, 40 ans plus tôt, les premiers liens du jumelage avec le Groupe Spéléo de Clerval. Ils étaient accompagnés de Jean-Marie Brun, réunissant ainsi les deux frères inventeurs de la grotte.
Le Crotot se présente comme une perte puisqu'un petit ruisseau s'y engouffre. Un petit barrage de fortune permet de dévier légèrement le cours de l'eau de la porte d'entrée et d'en retenir quelques instants le flot en cas de montée subite des eaux. Par le passé, Claude en fit la mauvaise fortune à deux reprises puisqu'il resta bloqué dans la grotte pendant près de 35 heures avec moult secours à l'appui, du moins la première fois. L'histoire ne dit pas si on osa une fois encore appeler le numéro d'urgence lors de sa seconde méprise. Il fut bon pour attendre la décrue...
Quoique la découverte d'un phénomène karstique ne faisait que peu de doutes en cet endroit, on se rend vite à l'évidence en y pénétrant qu'il a fallu aux deux frères un brin d’opiniâtreté pour dégager les blocs et la roche en profondeur sur un dizaine de mètres pour aboutir à un premier méandre qui sinue à l'horizontale. Ce qui suit a probablement dû leur faire chaud au cœur tant la progression dégage des découvertes toujours plus passionnantes et inespérées. La grotte s'ouvre à tous les visiteurs telle une balade aquatique sans grande difficulté en suivant le cours descendant d'un ruisseau aux multiples gours, marmites, méandres le tout agrémenté de magnifiques concrétions stalagmitiques, draperies aux couleurs qui vont de la transparence en passant par la blancheur immaculée puis aux ocres les plus diverses jusqu'à des couleurs plus sombres mais combien en voûtantes. D'autres couleurs totalement hirsutes et flashy viennent ternir la beauté du phénomène, témoins acerbes d'une niaiserie humaine heureusement limitée mais sur lesquelles on ne s’appesantira pas davantage. Le niveau de l'eau ne dépasse que rarement les genoux, quoiqu’il ne faille pas avoir peur d'en avoir jusqu'à la ceinture si on ne prend garde aux endroits où l'on marche. Une boue collante fait aussi partie des délices du trajet du moins quand on a encore un cœur d'enfant! Féerie de concrétions stalagmitiques de toutes parts, nous tentons quelques photos qui seront souvent opacifiées par les poussières en suspension dans l'air troublé par notre passage, phénomène assez courant sous grotte qui oblige le photographe à organiser une expédition exclusive et très accaparante qui décourage même les assistants les plus motivés. Roland semble inquiet d'un probable orage prévu dans la soirée de sorte que Daniel n'aura que peu de temps pour clicher quelques souvenirs. Nous parvenons tout de même jusqu'à l’éboulis terminal qui est précédé de peu par la « salle de Charleroi » qui fut nommée ainsi par le Groupe Spéléo de Clerval en l'honneur du jumelage avec le Groupe Spéléo de Charleroi, ce qui n'est pas sans déclencher une certaine fierté en mémoire des anciens de notre club.

Le retour fut nettement plus rapide bien que les vues soient toujours aussi divertissantes qu'agréables. La pluie ne nous attendait pas à la sortie, aussi avons nous fait une petite escapade jusque chez Jean-Marie qui nous émerveilla tant par ses talents de forgeron que par sa collection d'objets du moyen âge, une passion qu'il affectionne et dont il semble n'avoir révélé qu'un épisode.

Il m'est arrivé de voir qu'une vidéo ancienne lui attribue également quelques virtuosités de ménestrel que lui ont sûrement inspirées les multiples draperies souterraines du Doubs. http://www.dailymotion.com/video/xbk86f_la-grotte-du-crotot-a-romain-25_sport#.Uay1KkD0GSo (voir à 04:13 environ, puis la complainte du spéléo). Un grand merci à Jean-Marie et à Roland pour cette agréable journée qu'ils nous offrent grâce à leur manifeste passion du monde souterrain.
Il ne fallait guère nous attarder plus longtemps car la journée de vendredi s'annonçait plus longue et périlleuse.

Vendredi

Levés tôt, nous fûmes parmi les premiers sur le lieu de ce site particulièrement fréquenté par les spéléos, mais sa renommée dépasse plus d'une frontière. Ce sont les biens nommées « Pourpevelle, Pourpelui 1 et 2 ».

Quelques allemands nous précédaient déjà. Un français nous aborde et nous annonce avoir équipé les puits d'accès. Il nous propose d'utiliser leurs cordes pour éviter un suréquipement aussi inutile que dangereux. Bien que nous soyons très à cheval sur l'utilisation de nos propres cordes, il semble que ce soit de pratique régulière en spéléo que de pouvoir se faire confiance. Nous nous en remettrons évidemment à l’œil averti d'Alain pour se faire une rapide évaluation de l'équipement qui, au passage, nous fit aussi gagner du temps à l'aller comme au retour.

Nous atteignons rapidement le niveau bas de la grotte et pouvons entamer les quelques 5 km qui s'offre à nous quasi à l'horizontale.
Après un détour dans une galerie de gours jusqu'à la diaclase Weite, impressionnante de hauteur, nous partons dans le réseau Sud par une galerie basse et longue qu'il faut franchir à genoux ou courbés. Le parcours est aquatique à souhait, ce qui nous oblige à patauger en permanence dans notre jus sous nos néoprènes. Les efforts fournis équilibrent assez rapidement la fraîcheur de l'eau de sorte que la température reste confortable tant que nous sommes en mouvement.
Quelques marmites parfois profondes se franchissent sans grandes difficultés. Petite erreur de localisation, mais Alain s’en rend vite compte et se remémore du chemin parcouru 20 ans plus tôt. Nous nous engageons dans un ressaut suivi d'une petite descente que Delphine équipe. Après une flaque que l'on évite autant que faire se peut, on remonte le long d'un tas de guano qui donne autant de pâleur à la source du crû qu'à nos cervelles embarrassées. Et il semble que cela génère de la biodiversité puisque, dans certaines vasques, nous voyons croître de belles crevettes transparentes, du moins c'est le nom qui m’est en premier venu à l'esprit vu que j'avais oublié l'appellation scientifique « niphargus ». C'est le point de jonction avec le réseau Ouest, un accès parallèle vers la sortie mais que nous n'emprunterons pas. Au-delà, suit un long parcours dans une succession de marmites. Il faut trouver des appuis sur les bords festonnés par le courant ou se jeter à l'eau avec cette impression bizarre d'être un ballon de baudruche qui se vide et se remplit. La fatigue se faisant sentir chez certains, Alain nous soumet un arrêt énergétique avant d'attaquer les mondanités de l'environnement : le plafond, il est vrai, s'est peu à peu rapproché. Nous entamons le long ramping qu'est la galerie des cristaux qu'il nous faut suivre à la queue leu-leu. Plus loin, un trou se dégage sur notre gauche qui, 20 ans plus tôt, vit quelques spéléos visiblement égarés, apparaître devant Alain en s'exclamant « bonjour, vous êtes spéléos?... » Ce carrefour porte désormais, tout à fait entre nous, le nom de « carrefour des paumés », comme quoi, en grotte, il vaut mieux tenir sa langue!

Rebelote, nous nous retrempons dans l'eau, une grosse marche à droite et nous atterrirons dans une nouvelle galerie de gours, successions de bassins aux flots translucides, objet de quelques ébats aquatiques. Nouveau ramping dans une galerie basse dite de la voûte mouillante et aboutissement sur une pancarte interpellante : « spéléos, cette voie est rapidement siphonnante », joliment décorée d'une tête de mort. Après avoir rapidement déchargé nos angoisses sur l'autel des futurs disparus, nous attaquons, pleins d'enthousiasme et d'espoir un nouveau quatre-pattes de quelques dizaines de mètres sous un plafond qui se refuse à s'élever. De grandes flaques d'eau nous accueillent mais il est encore possible de tenir le dessus au sec. Le plafond, toujours lui, se joue de nos efforts pour s'appesantir sur nous.  Nous nous regardons, nous interpellons, il reste une dizaine de mètres, 10 centimètres d'eau, 30 centimètres de passage bas, pas beaucoup de choix! Alain s'engage le premier, il connait. Il passe, conseille astucieusement de tourner la tête à droite histoire de ne pas devoir la retourner en chemin ou de ne plus pouvoir la retourner tout court une fois le nez dans l'eau. L’échappatoire se dégage à droite. Nous nous suivons l'un après l'autre, une oreille dans l'eau, l'autre aux aguets, scrutant le moindre bruit suspect, la moindre suspicion de grimpée des eaux. Ça passe,..., tous, sauvés des eaux! Mais pas sortis puisque, il est vrai, une autre sortie existe de ce côté qu'est « Pourpelui 2 », sortie bétonnée en prévention de la sottise humaine expliquée plus avant. Pour l'atteindre, il reste une cheminée verticale de 13 mètres s'amincissant, suivie d'une étroiture plane de quelques mètres, la « station Plaisance ».

Alain, qui s'était engagé dans la cheminée, hésite, m'envoie quérir pour tenter le passage. Je me défais de tout harnachement, histoire de ne pas me trouver bloqué et cela passe juste assez pour moi. Alain essaie en vain, suivi de Daniel qu'il fallut retirer en arrière pour l'extraire du guêpier. François qui débute la spéléo ne se fait pas prier, il passe malgré une carrure fort proche, cela se joue à quelques millimètres. Mais bon, reconnaissons qu'extraire une néoprène dans de telles conditions, nul n'est tenu! Aucun souci pour Delphine, bien entendu. Aucune appréhension de Pascale qui passe également. Nous nous retrouvons scindés en deux groupes malgré les multiples tentatives et qu’entre temps, les allemands, sur le chemin du retour, nous rejoignent aussi de ce côté et profitent de ce moment difficile pour se ravitailler. Condamné à nous attendre, Daniel nous confie l'appareil photo et nous partons à quatre découvrir la large galerie horizontale qui s'étend d'un côté sur quelques 500 mètres jusqu'à la galerie blanche. C'était visiblement l'objectif de la visite car elle est richement concrétionnée, agrémentée de gours et de bassins du plus joli effet. De l'autre côté, également, de multiples bassins aux couleurs magnifiques et une indication ASCO qui indiquerait la voie vers la sortie bétonnée. Voilà bientôt 7 heures que nous déambulons, il est temps de penser au retour et à l'inévitable galerie de la voûte mouillante qu'il faudra bien refranchir dans l'autre sens.
Ce fut chose dite, chose faite. Sur la voie du retour, nous avons rencontré Enrique, compatriote d’adoption, la Belgique n'est jamais très loin en spéléo. Retour au camp à 22 heures précises après 12h de sortie. Un dîner ravioli nous enchante. Il est accompagné d'un vin du Jura.

Samedi

Après quelques difficultés à nous lever, départ pour le "gouffre de Montaigu" : une heure de route. En chemin, un chouette épisode nous vit courir après un groupe de chevaux en mal de prairie bien garnie. La propriétaire, accompagnée de sa tribu de jeunes cavaliers, voulu nous remercier. Navré, nous dûmes refuser cet apéritif bien mérité.
La route nous mène jusqu'au sommet de Montaigu d'où l'on peut admirer un paysage à 360 degrés : les vignes ne sont qu'à une encablure de corde, la Suisse est toute proche,...
Après quelques recherches, nous trouvons l'entrée du gouffre au milieu d'un troupeau de vaches qui nous suivraient bien tant nous attisons leur curiosité. La descente est équipée par Daniel et Alain. Le premier puits de 23 mètres assez arrosé ne nous met pas vraiment en appétit, tout comme le 12 mètres qui suit. Ensuite, s'ouvre une galerie de plus en plus large au plafond très plat. Dernier descendu, je rejoins le groupe qui patiente. Sur la droite, s'ouvre une gueule immense avec un puits de 55 mètres d'un seul tenant vertical et de plus de 10 mètres de large. Les abords fort instables ne m'incitent guère à la réjouissance. L'un après l'autre, je vis disparaître mes compagnons, et de décrire avec larges descriptifs à l'appui la vision qui se découvrait sous leurs pieds. Mon tour viendrait, mais quelle ne fut pas ma surprise de m'entendre dire que la corde sur laquelle j'entendais suivre le groupe était fichue, bonne à jeter, suite à un effet chaussette trop prononcé. Était-ce prémédité qu'ils m'envoient sur la vieille corde qui traînait là? Je ne le saurai pas, mais la vue valut le déplacement. Je m'engageai tel un zombie vers l'antre gris qui m'avalait! Juste un petit coup d’œil en bas, pas trop long, histoire de voir la direction à prendre...! Fractionné ne rime pas avec facilité! Glaise, tu colles, retiens moi... Quelques mètres plus bas, la vue vaut aussi quoique de manière plus per-spective qu'ex-spectative. Je crois que je pense déjà au retour... Restait un P39 assez marrant car encore plus large, puis un ridicule P11 au regard des précédents, avant une descente dans une petite trémie qui nous vit atteindre l'objectif des moins 210 mètres. Remontée sans anicroches car j'avais nettoyé la corde en place à la descente, mais quand même quelques envies de sortir au plus tôt de cet avaloir à cailloux. Je déséquipai la dernière partie et fus heureux de retrouver le plancher des vaches. La soirée au camp fut chaude en couleurs puisque gorgées de crêpes salées sucrées flambées qu'on avala sans trop se faire prier.
Retour avec le soleil, avec encore un zeste de vacances dans les yeux, dira-t-on...

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