Balade karstique de la CWEPSS à Oret (28/06/2014)
- Détails
- Création : 28 juin 2014
- Écrit par Daniel Lefebvre
Le 28 juin, la CWEPSS a organisé une balade karstique à Oret (Mettet).
Saviez-vous que 70% des eaux distribuées en Belgique proviennent des nappes souterraines? Nous avons fait une première halte devant un captage SWDE produisant 120.000 mètres cubes d'eau par an. Le captage est régulièrement victime de pollutions biologiques, et il est donc prévu d'y installer un système surveillant en permanence la quantité de bactéries et ajuste automatiquement l'injection de chlore.
Au bout d'une prairie autrefois parsemée de dépressions naturelles qui ont fini par être comblées par l'Homme afin d'éviter que le bétail ne puisse y tomber, nous sommes passés devant une petite grotte qui, paraît-il, a été explorée par le GSC en 1961. Il s'agit d'une ancienne exsurgence comportant deux conduits, ainsi qu'une petite salle un peu concrétionnée.
Plus tard dans la journée, et profitant d'un car mis à disposition par la commune de Mettet, nous avons visité une sablière exploitée depuis 1997. La couche de sable, d'une puissance d'environ 30 mètres, repose sur une couche d'argile verdâtre qui retient bien l'eau et surmonte elle-même une couche calcaire. Le sable appartient à la formation de l'Entre-Sambre-et-Meuse (Eocène), et s'est déposé par brassage. Il contient des éléments argileux (kaolin), et a une granulométrie et une couleur qui le rendent spécifique. Ses propriétés font qu'il convient, entre autres, à la réalisation de pistes pour chevaux, de briqueterie blanche, de marbre artificiel, ou il peut encore être enrobé pour une utilisation en fonderies. Un plan de réaménagement du site est déjà établi, laissant deux plans d'eau à la nature, lui permettant d'accueillir notamment des hirondelles de rivage et des orchidées.
Le car nous a ensuite déposés le long d'une route, devant un piézomètre, appareil servant à mesurer le niveau d'eau dans la nappe aquifère. Des traçages furent apparemment réalisés à cet endroit, déterminant que nous étions dans la zone de "prévention" pour la protection des nappes phréatiques captées.
Un peu plus loin, nous sommes passés à pied devant une ancienne carrière en cours de remblayage et avons rejoint le ruisseau de Stave, qui contient diverses pertes en descendant vers Biesmerée. Ce ruisseau est un "égout à ciel ouvert".
Pour la protection de la nappe phréatique, le besoin essentiel est qu'il y ait une "déconnexion" totale entre les eaux de surface et les eaux souterraines. Ces deux eaux ne doivent pas entrer en contact afin d'éviter la contamination de l'eau de la nappe par les eaux de surface. Les sources de pollution sont diverses: pesticides, hydrocarbures, huile de friture, white spirit... Tous ces polluants sont jetés à l'égout, dispersés sur les terrains, écoulés sur les routes... Par les particuliers autant que par les entreprises...
Pour éviter la reconnexion des eaux, il est nécessaire de pomper les eaux proches de la surface afin d'en réduire la pression. C'est le principe du second captage que nous avons visité: la carrière Lepoivre. Celui-ci est en service depuis début des années 60 et sert à l'alimentation en eau de la région de Charleroi.
De plus, l'état de la nappe, et notamment la turbidité des eaux, est sous surveillance permanente. Pour anecdote, le captage a dû être arrêté en juin 2013 lorsqu'un véhicule pulvérisateur a pris feu sur une route à Oret. Une pollution a été constatée moins de 24 heures après, il a fallu l'enrayer au moyen de charbons actifs. Cela a eu un coût très élevé.
Actuellement, on considère que réduire les points d'entrée dans le système phréatique coûtera moins cher que les filtres et le traitement de l'eau. Mieux vaut prévenir que guérir...