Balade géologique de la CWEPSS à Han-sur-Lesse (15/06/2014)
- Détails
- Création : 15 juin 2014
- Écrit par Daniel Lefebvre
A Han-sur-Lesse, la CWEPSS a organisé une balade géologique qu’Henri, Pascale et Daniel ont suivie.
Georges Michel nous a emmenés, ainsi qu’une vingtaine d’autres personnes, sur les hauteurs de Han, pour nous (re)montrer une vue imprenable sur la « chavée » de la Lesse, c’est-à-dire la vallée creusée dans le calcaire. Celle-ci est une zone inondable, la Lesse reprenant son cours aérien à cet endroit lors des crues importantes. Nous connaissions déjà l’endroit, mais un petit rappel (que dis-je, un pèlerinage) de temps en temps ne fait pas de tort.
Un peu plus loin sur notre parcours, une coupe à blanc dans les bois a mis à jour une dépression elle-même alignée sur d'autres dépressions. Phénomène naturel ou exploitation anthropique de minerais ? Il est difficile de savoir, mais le coin est connu pour sa galène : des vapeurs provenant des profondeurs du sol se sont solidifiées entre les strates géologiques et ont formé ce minerais constitué de plomb, utilisé notamment pour faire de la teinture noire.
Sur le plateau calcaire, des éléments fins en surface proviennent de l'altération de la roche. La végétation ne tient pas bien car les racines ne peuvent s'enfoncer profondément, vu la faible épaisseur de la couche d’humus.
Nous sommes arrivés devant l’entrée supérieure du trou du Renard, désormais fermée pour la protection des chauves-souris. Dans des temps plus anciens, la grotte a été exploitée par une activité d’extraction de fer.
Poursuivant notre randonnée en descendant vers Han, nous sommes passés par la Fontaine Saint-Martin. Une hypothèse avait été faite à propos de l'origine des eaux qui y coulent: les eaux proviendraient de la grotte de la Laide Fosse située en amont, avec un dénivelé de 80 mètres, et un pendage qui rend l’hypothèse plausible. Cependant, une étude réalisée récemment par les Facultés Universitaires Notre Dame de la Paix (Namur) a montré que la Laide Fosse s'écoule au Rond de Tienne. Dès lors, le mystère de la fontaine Saint-Martin reste entier et ne peut actuellement être expliqué que par une alimentation diffuse amenée par une série de chantoirs présents sur le plateau: c’est probable, mais il n’y a pas encore eu de traçage.
L’eau sort à la fontaine car elle rencontre un seuil hydrogéologique, et forme le Ry des Planches. Ce ruisseau est un exemple de travertin, un phénomène qui est parfois appelé « source pétrifiante ». L’eau, chargée de CaCO3 lors de son parcours dans le sol calcaire, subit un « dégazage » pour rétablir l’équilibre de CO2 avec la pression atmosphérique. Il n’y a plus assez de CO2 dans l'eau, donc la charge calcaire précipite et se dépose sur les bords du ruisseau. La végétation est littéralement emprisonnée dans la pierre en formation.
Après un parcours de 40 mètres en surface, le Ry des Planches disparaît : une partie des eaux est sûrement drainée par l'homme, le reste se perd progressivement dans le vallon. En principe, le Ry devrait couler en longeant la rive concave de la chavée de la Lesse, mais ce ruisseau est à sec. Il y a cependant deux endroits où l'eau réapparait sous pression, donc il y a sûrement un affleurement perméable.
Georges nous a appris que de lourds aménagements ont été réalisés dans le cadre d’un « plan pluies » à Han-sur-Lesse : une digue a été construite pour, en principe, supporter les crues centennales. La digue doit inonder la pâture pour protéger le village de Han. Le système d’égouttage du village a également été conçu spécialement, avec des clapets anti-retour.
Enfin, nous sommes passés par le Trou de Han (sortie de la grotte touristique), où nous avons vu des plongeurs. Des travaux d’archéologie aquatique y sont en effet en cours, et des pièces de haute qualité datant du Néolithique y ont été trouvées. Les archéologues-plongeurs procèdent minutieusement en quadrillant la zone, et utilisent une technique d’aspiration des sédiments pour découvrir les objets sans les déplacer.
Les eaux entrant au Gouffre de Belvaux sortent au Trou de Han après une traversée souterraine du massif de Boine durant entre 10 heures et 24 heures.